Histoire du tatouage au henné

Autrefois, chaque motif de henné ou presque, avait une signification bien précise, que ce soit en Inde, dans des pays arabes ou en Afrique. Dans ces régions ou les femmes s’avancent souvent voilées mains et pieds constituaient alors la seule partie visible de leur corps. Elles se servaient donc du henné pour délivrer des messages aux hommes, parfois très coquins.

Langage de séduction, le henné constituait également une barrière de protection contre les mauvais sorts et les démons. Il existe tout une symbolique autour de se thème. En fait, le motif au henné n’était jamais réellement innocent. Malheureusement, ces significations se sont perdues avec le temps. Transmises oralement de génération, il semble qu’elles n’aient pas survécu à la modernité XXe siècle. Aujourd’hui, dans la plupart des civilisations du henné, les dessins on un but essentiellement artistique et esthétique. Quelques motifs conservent cependant une forte charge symbolique. Au Maroc, par exemple, les rosaces symbolisent souvent la vie, tandis que le point représente le centre, l’origine, le foyer. Le cercle, lui signifie l’absolu. Lors des mariage, il est d’usage de dessiner sur la paume droite de la mariée un œil pou la protéger des mauvais influences. De même, un an après son mariage, les parents de la jeune épouse lui offre une séance de henné au cours de laquelle la Hannayat dessinera un Wafk, carré magique, symbole de stabilité. Au Pakistan, il est de coutume, pour les mariages, d’introduire dans le dessin les lettres du prénom de l’époux. La capacité de ce dernier à les retrouver ou non indiquera qui portera la culotte dans le mariage. En Inde ou le henné est aussi bien musulman qu’hindou, certains symboles sont encore très vivaces. Quelques un sont religieux, d’autre sont partagés par les deux communautés. Ainsi la fleur de mangue est une marque de félicité pour les deux communautés. Elle est très souvent représentée lors des mariages. Autrefois motif répandu, le paon, animal national de l’Inde. Quant au lotus, il constitue sans doute l’un des symboles les plus connus de Asie. Ses significations sont multiples. Il représente aussi bien la compassion que la pureté. Car il s’élève, immaculé au dessus des eaux des étangs, vers le ciel. Il est à l’image de l’esprit sortant de la matière impure du corps. Certains symboles sont plus spécifiquement hindous. C’est le cas pour l’aum, syllabe sacrée des hindous, qui signifie à peu près «je fais révérence». Composée de trois sons, elle est censée contenir tous les sons qui peuvent être prononcés. Elle symbolise donc l’unité du cosmos… De plus, elle est souvent associée à Ganesha, une divinités les plus populaire de la théogonie indienne. Certains symboles perdurent donc. Cependant, la dimension esthétique des motifs semble de plus en plus l’emporter, aussi bien en Inde qu’au Maroc. Or, ces deux régions constituent les derniers bastions de la tradition symbolique du henné. Mais les faits sont déjà en train d’évoluer puisqu’il n’est plus rare de retrouver des motifs de fleurs de mangue sur des catalogues des hannayats qui officient dans les souks de Marrakech. Les civilisations du henné tendent de plus en plus à s’uniformiser et perdre leur spécificité. Ce qui serait bien dommage.